Gesundbrunnen

Monsieur B. disait, l'écriture, ça s'entretient

Friday, July 11, 2008

Ma vie en entreprise, une pièce en deux actes


Alors, bon, forcément je pourrais m´étendre sur ma nouvelle vie bordelaise, le choc et l´amertume de quitter Berlin, la difficile réadaptation, le manque, la pénurie de vrai travail, tout ca...mais je préfère, de loin, conter ma formidable expérience en entreprise privée. Type gros, très gros groupe. Une plongée en terra incognita. Immersion quasi totale de trois mois. Et heureusement finie. A croire que je préfère être pauvre et sauvegarder ma santé mentale.

Acte I: la petite marchande de souliers
C´est dans un contexte économique critique que j´ai refait, dans l´urgence, mon CV. Et ajouté une petite section: expèriences dans la vente. Elles remontaient certes à mes années étudiantes, mais vendre, c´est un peu comme faire du vélo. Ca ne s´oublie pas. Et puis des jobs de vendeuse, ma foi, ca court les rues. Dont acte. Dépôt de Cvs à l´aveuglette, en privilégiant la proximité géographique, soit un rayon de 800m autour de chez moi. Parce que quand même, je ne veux qu´un temps partiel (histoire d´honorer mon plan pige pour un magazine sur les 4 roues). La responsable de M. m´a accueilli en sauveuse. Et moi aussi. Jusqu`à ce je découvre la "salle de repos". Sur la porte d´entrée, un écriteau : Priorité Client. Ambiance. A côté du frigo, les 500 commandements de la bonne vendeuse M. et la sacro-sainte technique du SBAM (Sourire, Bonjour, Au-revoir, Merci, important de le préciser, sait-on jamais qu´on ait des pulsions de meurtres sur les clientes, il faut rester polie quand même). M. ne ressemble en rien à la petite boutique anglaise où j´ai préparé mes concours de journalisme. Où j´arrivais, certes à l´heure, mais passais le plus clair de mon temps à lire les journaux en sirotant du café (ah, souvenir de blueberry muffin aussi). Puis attendais le chaland. Non, à M., j´ai parfait ma technique du relacage de sandale...plus pour éviter de sombrer dans l´ennui que de m´attirer les foudres de la responsable, d´ailleurs. Une heure de pause et pas une minute de plus, sinon gare! Espionnage. Délation. Babillages inconsistants et débilitants de mes collègues. Non-utilisation du cerveau. Heureusement que j´ai une propension sans limite à la rêverie. Enfin. 20heures par semaine au SMIC, pas de quoi renflouer les caisses non plus. Crise de nerfs. Monter les escaliers. Descendre les escaliers. F91. F65. Vernis. Semelle cuir, penser à proposer un patin. Mon conseil à une (gentille) collègue, ne pas dire "c´est gratuit, ca coute 6 euros" dans la même phrase. Non, c´est la pose qui est gratuite.Le patin coûte lui 6 euros. (un conseil utile d´ailleurs, et qui m´a valu de chaleureux remerciements, les clientes la regardaient toujours de travers).
Puis enfin, le moment tant attendu. Redouté de tous. "C´est horrible, tu verras, horrible"... Les soldes! Des heures à coller des gommettes sur des chaussures dans une réserve surchauffée. Port obligatoire de la chemise à manche longue (par 35 degrés!), parce que quand même, il faut que l´esclave soit facilement identifié par la serial-shoppeuse. Ah, la shoppeuse! Seul bon point du calvaire, un certain apprentissage sur la nature humaine. Dingue comme le simple achat d´une paire de tong noire peut declencher des crises de doute. "Ca, ca va avec quoi?". Et puis la blague perpétuelle: "Vous qui vous y connaissez, hein, ca fait pas trop mal aux pieds? Ca va se détendre?". beh oui, les gens, ils croient forcément que vous êtes experte, voire cordonnière vous-même, sinon, vous seriez pas là, hein? Je garde ainsi un souvenir ému du regard compatissant de cette cliente le jour où j´ai appris à me servir de la caisse enregistreuse: "Ah, faut bien apprendre, c´est normal, j´attends, pas de problème". Las...j´ai fini par démissionner...car m´attendait une perspective bien plus excitante...

Acte II: Je suis pas une créative
C´est sur ce difficile aveu que ma période d´essai chez C. s´est achevée. Au bout de 4 jours. Un constat partagé par la directrice commerciale qui avait vu le douloureux résultat des 72 heures précédentes. Bah non, quand on est journaliste, ce n´est parce qu´on sait vaguement bidouiller sur photoshop que l´on est capable d´inventer un visuel pour une pub, même pas pour l´agenda des parachutistes de M-de-M. Ben non. Je n´avais pourtant floué personne lors de l´entretien. Mes expériences dans la comm sont totalement inexistantes mais je suis douée de plein de bonne volonté, j´apprends vite, je m´adapte, je sais lire-écrire-synthètiser, que diable! J´aurai dû me méfier quand la dir´co´, selon le jargon, m´a expliqué dans un large sourire "c´est un poste d´assistante communication mais comme il n´y a pas de service comm vous serez surtout assistante de vous-même". Et comme j´aime relever les défis...Ni d´une, ni de deux, me voilà dans la peau d´une assistante de comm au 35h, 9h-17h, avec un bureau avec des agrapheuses et du blanco, 300 collègues, un restau d´entreprise...et aucune idée de la tâche à accomplir. Malheureusement pour moi, la mise en place d´un nouveau logiciel financier (et surtout une fusion à l´horizon) accapare mes deux supposés référents. Et tandis qu´ils vont de réunion en réunion, je tente de percer à jour la complexité de ma mission en feuilletant les innombrables dossiers vert pale qui envahissent le bureau. Il est question de plan media, de salons, de papèterie à commander, de fournisseurs, d´argent, de budget...Fin de la première journée, je suis dans des abîmes de perplexité, vaguement assaillie par la culpabilité d´avoir fait semblant de travailler.
Heureusement, je suis accueillie le deuxième jour par un tonitruant "j`ai une mission pour toi!". Soupir de soulagement. Enthousiasme. Puis trois jours passés à apprendre à me servir d´un logiciel de retouche d´images pour créer cette fameuse annonce. J´en ris encore. Non, vraiment, dommage je ne peux pas vous montrer le fruit de mon travail. Les parachutiste de M-de-M n´auront peut-être pas l´année prochaine de pub pour C., mais je sais désormais me servir de Gimp. Satisfaction intense de relever un challenge: je ne sais pas m´en servir, mais ce soir, c´est sûr, j´en aurai fait quelque chose. Pas suffisant pour la boîte, certes, mais au fond, je le savais déjà : "je ne suis pas une créative"!

Voilà pour mes folles aventures des mois passés. Retour à la case angoisse du lendemain, envoi groupé de CV mais la lecon est bien retenue: ne postuler que pour des emplois qui m´intéressent et me correspondent vraiment...et rester à plus lointaine distance possible des entreprises aux codes si polissés. Pas pour moi. La recherche continue, mais, entre nous, je rêve profondément d´autre chose et de jours meilleurs...ach, mal sehen!

En cadeau bonus, la photo est un extrait du menu de l´hotel Mercure de Dresde. Parce que les logiciels de traductions automatiques n´auront jamais raison des vrais traducteurs....

Tuesday, November 13, 2007

et pour ceux qui lisent l´allemand

Quand même, intégrée ou pas, c´est quand même la première fois que je suis interviewée!

http://www.lr-online.de/regionen/cottbus-spree-neisse/Guben;art1051,1806333

À la croisée...


Alors que les premières neiges tombées ce weekend mériteraient à elles seules tout un message (ah, la question est sur toutes les lèvres berlinoises, l´hiver sera-t-il rude?? réponse dans six mois), je me décide enfin à parler un peu de mon quotidien. Je vous passerai mes déboires de pigiste qui attend désespérement son salaire (la routine). Ainsi que les injustices de la sécu allemande. En fait, je n´en finis pas de découvrir les joies de l´administration allemande, période (de rappel) d´impôts oblige.
J´avais bien gardé dans un coin de ma tête que la Ville de Berlin ne perd pas une occasion d´économiser de l´argent, aussi faut-il bien penser à aller chercher soi-même sa déclaration d´impôt à son antenne locale de Trésor public (quand je pense qu´on la recoit pré-remplie en France, je n´ose imaginer si Paris prenait de telles mesures). M´étant docilement acquittée de mon dû en France, je dois avouer que j´ai...oublié, tout simplement. Stupeur en recevant le rappel, rapide coup de fil au Finanzamt, soulagement (le mot Frist, "délai", est en passe de devenir mon mot préféré), bref, pas obligée de payer, blablabla, mais remplir quand même le formulaire. Pardon, trois des douze formulaires de quatre pages chacun, soit un bon nombre de cases dépendants d´abbréviations et de sigles mystérieux (et néanmoins poétiques, je tue le temps en essayant de leur attribuer diverses significations), et...Mais il y a une justice. le fameux Frist court jusqu´à fin janvier, je vais bien trouver une âme charitable d´ici là.
Heureusement, il y a T-Mobile, mon opérateur de téléphonie portable, qui a trouvé en moi la poule aux oeufs d´or. Grâce à ma consommation professionnelle, certes, mais quand même sacrément élevée, je peux avoir et l´honneur de bénéficier du service Diamant, spécial "clients-qui-dépassent-les-150-euros-tous-les-mois", et la grâce d´un échéancier pour payer les factures dont la décence (la honte?l´angoisse?) m´empêche de préciser le montant. "Kein Problem Frau Gonzalez, Sie sind eine sehr gute Kundin" ( la poule aux oeufs d´or vous disais-je!).
Bref, peut-être que je découvre la vie, tout simplement. N´empêche, vivre tout ca en allemand ne manque pas de piquant. Au bout de combien de temps a-t-on l´impression de n´être plus du tout de passage? Des petits rien de la vie quotidienne me desarconnent (pas de cédille sur les claviers allemands, pardon pour la coquille récurrente). Une du Spiegel, il y a un mois: un cliché d´un homme mort dans une baignoire, Uwe Barschel. Si le Spiegel consacre son dossier de la semaine au 20ème anniversaire de la mort de ce type, est-ce bien normal que je n´en ai jamais entendu parler? Ou bien, l´enigme de la mort (suicide ou meurtre, l´affaire n´est toujours pas claire), en 1987, du Ministre-Président de Schleswig-Holstein n´a jamais franchi le Rhin (hypothèse pour laquelle je penche, refusant l´aveu de cette inculture générale)?? Au contraire, si, à une fête réunissant la fine fleur de l´école de théâtre la plus prestigieuse du pays, je ne peux réprimer un sourire quand un jeune homme se présente, "hallo, ich bin Knut"....n´est-ce pas le signe que je suis profondément intégrée?
Comme j´essaie actuellement de lutter contre l´insomnie (premier effet secondaire de mon célibat de copine de rockstar), je préfére refermer ce débat sur l´(mon) intégration, et le reprendrai plus tard en rentrant de Paris (où je n´aurai, je l´espère, pas à constater ma désintégration, surtout par temps de grêve). J´éteins également ma radio (deuxième effet secondaire), RFI me donne des cauchemars. Bonne nuit.

Wednesday, September 19, 2007

155 bis, rue des Pyrénées


J´habitais au 155 bis, rue des Pyrénées. C´était y a 5 ans déjà et je m´en suis souvenue subitement au concert de Holden, l´autre soir. J´ai tellement changé d´adresse que je me souviens pas toujours précisément. Engelstrasse à Trier, mais quel numéro? Berkeley Square, oui, c´etait le 16, hein? J´aimais bien cette adresse parisienne, ca me faisait penser à ma grand-mère, à l´époque j´avais un peu de mal à orthographier correctement cette chaîne de montagne. Pirénée.Pyrrennée.Pyrénées. J´avais huit ans, on dormait en famille à l´hotel, toujours le même, à Lannemezan. Avec vue sur le Canigou, enfin, la montagne en tout cas. Et les poupées de chiffons, aussi grandes que moi, dans le salon. Bref. Le 155 bis,c´était quand même toute une histoire, la coloc avec les filles, les indigestions de rhum-fruits-exotiques-du-franprix et de galette des rois. Et Holden en bande-originale. "C´est plus pareil"lalalalala!

Monday, July 16, 2007

(double) choc thermique



Je pensais pourtant que partir en vacances avant tout le monde, pile fin juin pour mieux revenir mi-juillet profiter de l´été berlinois, était une idée de génie. Après un repos bien mérité, assommée par la chaleur grecque mais les pieds dans l´eau, je retrouve ma capitale allemande sous un ciel d´octobre. Une aventure en combat inter-urbain plus tard,les pieds dans la boue, me voilà déjà sous un chapiteau défiant les lois de la canicule à regarder défiler des sacs d´os en baskets griffées. MMM. Pas de doute, les vacances sont bien finies et il va quand même falloir tenir tout l´été.
Pour mes quelques lecteurs assidus déplorant la totale absence de rigueur dans la tenue de ce blog: toutes mes excuses. Je pourrais promettre de ne pas laisser s´écouler six mois avant le prochain message, mais il me semble l´avoir déjà fait. Sans succès. Donc cette fois, pas de promesse. On verra.
C´est que depuis la fin novembre et cette folle histoire de girafe, mes aventures berlinoises ont pris un tour pour le moins inattendu. Une folle équipée sur les terres, jusqu´ici inconnues, de la presse écrite m´a enseigné une foultitude de lecons. Entre autres: j´ai connu la joie (et la terreur) d´avoir des responsabilités. Enfin compris ce que j´aurais du répondre au concours de l´ESJ il y a 6 ans (à la mystérieuse question "ah quel bonheur de voir un jour ma signature en bas de la page"). Vécu les fameux bouclages à pas d´heure. Mes premières envies de meurtre et premiers coups de gueule, comme je ne savais même pas que j´étais capable. Gérer la pénurie. Gérer la pénurie. Et puis, et surtout, des amis. Ce qui n´est déjà pas mal.
Depuis cette histoire de girafe, j´ai aussi fait des rencontres déterminantes. Un ange tombé du ciel a donné mon numéro de téléphone et j´ai trouvé un "vrai" travail (pas que l´autre était pas vrai,hein, mais bon...), dans une atmosphère ultra-productive et compétente. Et sereine, ce qui n´est pas du luxe après des mois de montagnes russes.
Et puis, depuis cette histoire de girafe, ben, je porte un projet qui me tiens vraiment à coeur et dont je vous reparlerai, c´est promis, mais seulement dans six mois cette fois, quand il sera avancé et devenu assez concret pour être réellement palpitant.
Mais surtout, depuis cette histoire de girafe, Berlin m´a prise au piège. J´ai fait de cette ville ma ville, celle dans laquelle je ne me perds plus que par choix et pas dès que je sors de chez moi. Celle dans laquelle j´ai mes repères, mes QGs, mon bar du mercredi, mon lieu de perdition du vendredi et mon café du dimanche. Mon cinéma préféré, la rue où je rêve d´habiter, les personnes que j´ai envie de retrouver. Le métier que j´ai toujours voulu exercer. Et me voilà là depuis un an et demi déjà et j´ai soudainement réalisé que je n´étais pas prête de repartir. Ca n´a pas l´air comme ca mais ce fut une révélation assez vertigineuse. Que, je dois bien l´avouer, je n´avais pas envisagé quand je suis partie, un peu précipitamment, cette froide soirée de janvier, avec toute ma vie dans des sacs champions fluos. Je me suis bien appliquée à tout construire ailleurs, en prévoyant certes l´ampleur du chantier, évaluant le coût des travaux...et on peut dire que la maison n´est pas finie. Mais pour filer cette métaphore (un peu pourrie, je vous l´accorde), que faire après? L´habiter? Déménager? La bonne nouvelle c´est que je n´en suis pour l´instant qu´aux fondations. Ce qui me laisse encore quelques perspectives...à bientôt.

Sunday, November 26, 2006

Même les girafes


Ok, j'ai totalement délaissé ce blog. Je ne peux pas promettre de le mettre à jour régulièrement, mais essayer de ne pas laisser quatre mois entre chaque message, ma foi, ça devrait être possible.
Nous étions donc restés en août, l'été qui s'achevait blabliblabla, et je vous épargnais mes angoisses liées à ma non vie professionnelle. Aujourd'hui, je peux assurer que c'est bien l'hiver, qu'il fait nuit noire à 16h30, et continuer à vous épargner mes angoisses liées à ma vie professionnelle. Si j'arrive à être décemment payée pour ce boulot que j'aime vraiment, promis, je vous le dirai.
Hier j'ai vu une girafe en cours de plasticination. Dire que je refuse de voir le moindre film d'horreur car "je suis très facilement impressionée par les images"...
A cheval entre l'Allemagne et la Pologne se trouve donc l'antre d'un fou, Docteur la Mort selon Bild, Frankenstein des temps modernes pour toutes les autres publications, juste un fou selon moi. Ce type a mis au point un procédé très scientifique, et donc très compliqué à expliquer comme ça, surtout pour l'indécrottable littéraire que je suis, pour...comment dire...dépiauter des cadavres et exposer leur anatomie. Sa touche personnelle, car l'homme se veut "un pont entre la science et l'art "( sic, il nous l'a dit hier), c'est qu'il fige, ou plutôt "plasticine"(plasticifie?plastinicifie?comme vous voulez), ses cadavres dans des positions pour le moins incongrues. Pour résumer, avant de mourir, vous acceptez (souhaitez?) que monsieur vous plasticifie. Vous mourrez, la "bodymobile" (je n'invente rien, dois-je encore le préciser) vient chercher votre corps. 1500 heures plus tard, après avoir eu le crâne explosé par des lentilles, été trempé dans divers bains de liquide vaisselle et de substances chimiques, dépiauté, desossé, éviscéré et bien d'autres étapes décidément trop visuelles pour être racontées, bref, vous êtes figés pour l'éternité en train de faire une partie d'échecs. Même si vous n'avez jamais su jouer aux échecs. Dès que j'en sais plus, je vous dirai si on peut choisir sa position de plastinifié. Bref, après avoir exposé de par le monde ses "oeuvres", toutes droit sorties de ses usines heidelbergoise et chinoise, le sympathique inventeur de ce procédé a décidé d'ouvrir son propre musée et de constuire sa plus grande usine à la frontière polonaise. Son ambition pédagogique a l'air de rencontrer un certain succés à en juger les commentaires laissés dans le livre d'or du musée. "Grossartig", "echt Klasse", etc, etc. Rien à voir avec la mine dégoutée et les hauts le coeur qui ne m'ont pas lâché de la journée. Et ce n'est pas fini, après les hommes et les gorilles (et j'imagine les chats qui ont du lui servir de cobaye avant de s'attaquer aux hommes), prochain objectif donc, les girafes...Quant à savoir ce que je faisais là-bas...on verra ça plus tard. L'histoire de cet homme, de son "oeuvre" mais surtout de la petite ville où il a implanté attise ma curiosité, celle de mes deux amies collègues et vaut bien plus qu'une simple visite...
Evidemment j'aurai pu à la place vous raconter ma première aventure radiophonique ou comment j'ai avoué à la terre entière (enfin, surtout aux auditeurs du décrochage allemand) que la taille des verres de vin ici m'avait vraiment suprise en arrivant. Mais je réserve cela pour mon deuxième passage à la radio et mon prochain message.
Et pour tous ceux qui craignent pour mes nuits hantées de plastinifiés, aucune inquiétude, regardez la photo.

Thursday, August 10, 2006

le quart d'heure météo


Je pourrais mentir et dire que le mois d'août à Berlin, ça ressemble à la photo.
Ah, Berlin, l'été...ses parcs envahis d'accros à la saucisse grillée sur barbecue jetable, ses lacs et ses Freibad ( pour ceux qui comme moi ne craignent ni les canards ni les insectes), ses balades en vélo le long du Landwehrkanal), ses Biergarten, ses terrasses à n'en plus finir, ses touristes, et sa nonchalance habituelle. Bref,le rêve d'une capitale en vert et bleu, sans nuage à l'horizon.
Oui, ben ça c'était le mois dernier.
Pendant que moi je courais après les vaches à 2000 mètres d'altitude dans un minipays.
Un peu de chaleur étouffante au retour, pour faire bon genre (et la perplexité de mes nouveaux congénères: "mais pourquoi c'est en France que les gens meurent de la canicule?"). Et puis, pfuii, fini l'été! Je vous ferai grâce d'une photo, imaginez plutôt, le retour de la botte et du collant d'hiver, du pull de demi-saison, du nuage menaçant, de la pluie, arghhhhhhhhhhhhhhh, du froid! Mais même pas peur, hein, on va pas se laisser abattre. Au contraire, les choses avancent. Les contacts se nouent. L'intégration dans la vie de quartier à la faveur d'un marché au puces alternatif. Les démarches admnistratives. Les rencontres constructives. Les erreurs et les hésitations aussi, bien sûr; que du concret en réalité.
Alors même si je rêve de sable brûlant et d'eaux turquoises, allongée à l'ombre d'un palmier...oh, bah, 18 degrés un dix août, rien de bien alarmant, non?

Wednesday, May 31, 2006

Pernaudchainisation des esprits ou ma semaine en enfer


Par où commencer? Mise à jour laborieuse avec risque de réchauffé? Subtile ellipse car tout est contenu dans le titre? On devrait pas laisser son blog périmer. La reprise est dure.
Mes aventures journalistiques m'ont entraîné aux confins de la déontologie. "Je crois que tu n'as pas bien compris, ce qui compte, c'est les photos, pas le texte", m'a-t-il dit. C'était dommage, car n'étant pas photographe, j'avais plutôt misé sur le texte. Bon, si ce qui compte c'est de faire de "très belles photos" de l'endroit le plus kitch et le plus malsain du monde, pour raconter "la très belle histoire" de jeunes Croates dénudées qui baisent des hommes en peignoir jaune...alors, je me suis executée. J'ai souri poliment et visité les coulisses du "plus grand bordel d'Europe" (à ce sujet, c'est pas tout à fait vrai: c'est le plus grand car le seul du genre). Et raconté comment les filles "adoraient" y travailler. Au bout de deux heures, j'avais presque oublié qu'elles étaient nues, que sous son peignoir mon patron l'était aussi (ah oui, il nous fallait bien un figurant), qu'elles posaient devant l'objectif comme de vraies championnes de l'érotisme, que l'endroit me foutait la nausée (à cause du détergent?), que les chambres dégoulinaient de mauvais goût, que le passé de ces filles était sordide, que leur journée ne le serait pas moins, que mon grand-père était mort la veille...Bref, l'horreur, nerfs mis à rude épreuve.
Quatre heures plus tard, dans une voiture slovène en direction de Baden-Baden. Le photographe tente de me consoler, "Tu sais, le pire c'est pas les grands-parents, c'est quand les parents meurent. Ma mère est morte il y a trois semaines". Du coup, je me sens beaucoup mieux. Ce type est rassurant, "Tu vois, il y a trop de gens sur Terre, faut arrêter de faire des enfants. D'ailleurs moi, je me suis fait stériliser". Plus que neuf heures de route. A l'arrivée, choc esthétique. Vous êtes déjà allé à Baden Baden? Non? Ben, c'est une très jolie petite ville thermale, baignée par le soleil (en tout cas ce jour-là), une ville de poupées...qui sent très fort l'argent. Ce qui ne tombait pas si mal, vu l'objet du reportage ("Mais encore une fois je te le rappelle, il nous faut des photos!"): le sympathique musée d'art moderne que s'est fait construire un riche héritier fondu d'art. (pour plus d'infos, lire l'article si jamais il est publié).
Un choc esthétique, c'est le corps qui se laisse déborder par le contraste de ses émotions (intellectuelles?). Oui, je suis pas sûre de la formulation mais c'est comme ça que je l'ai vécu. Décuplé par l'experience que je venais juste de vivre. Favorisé par un état psychologique fragilisé. Et parce que je suis une incorrigible romantico-mélancolique. Bref. Tout autour de moi, trop de beauté, de raffinement, d'intelligence, de délicatesse, de luxe, d'art, d'arbres...Quand je suis arrivée au Palace 50 étoiles devant la petite-fille d'un célèbre peintre (oui,je sais je nomme personne, on n'est jamais trop méfiant)...ben, j'avais plus rien à lui demander. Mes autres interlocuteurs m'en avaient déjà tellement dit. Elle était bien née, et c'est tout. Moi aussi je suis la petite-fille de quelqu'un. ( et puis, j'étais terriblement impressionnée, désarçonnée par ses allusions à mille musées que je ne connaissais pas...)Bon, bien sûr, j'ai réussi à bredouiller quelques questions. Et elle m'a gentiment répondu.
Le choc, ça vous rend impulsif. Je me suis enfuie en courant dès la fin de l'entretien. J'ai sauté dans le bus. Trois quart d'heure plus tard j'étais dans le train, en route pour Berlin. Quand j'ai poussé la porte de la maison, vers une heure du mat', j'ai ressenti comme une évidence que j'étais ici chez moi.